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26 juin 2017

Pollution extrême au Pakistan

Furhad Hussain s'est installé à Islamabad en espérant que l'air y serait plus pur. Peine perdue, la verdoyante capitale pakistanaise est souvent étouffée de brume. Dépité, il a rejoint une poignée de citoyens qui mesurent eux-même la pollution atmosphérique. L'air urbain au Pakistan, pays de 200 millions d'habitants, est parmi les plus viciés au monde, a averti la Banque mondiale, en raison de la mauvaise qualité de l'essence et des véhicules, et du manque de contrôle des émissions industrielles. Des pays voisins comme l'Inde ou le Sri Lanka publient des statistiques ou des avertissements quand la pollution dépasse certains seuils. Mais le Pakistan "est l'un des rares pays à ne pas surveiller la qualité de l'air", déplore M. Hussain, membre de PakAirQuality, un réseau informel de volontaires qui mesurent la pollution à Islamabad, Lahore et Karachi, et publient les données sur twitter. Faute d'informations fiables mettant en évidence l'ampleur du problème, non seulement les citoyens n'ont pas conscience de ce qu'ils respirent, mais les autorités sont dans l'incapacité de lutter contre la pollution. Le problème est particulièrement aïgu dans un pays en développement où les normes d'émissions sont généralement bafouées, souligne le chercheur Imran Saqib Khalid, en partie par conviction qu'il ne peut se permettre mettre en péril sa croissance en bridant son industrie. Le gouvernement ne semble pas avoir de stratégie à long terme contre la pollution ou pour les énergies renouvelables. Le Pakistan est en train de construire avec l'aide de la Chine treize centrales électriques au charbon. Les autorités assurent que cela ne dégradera pas la qualité de l'air car des techniques dernier cri sont prévues pour limiter les émissions polluantes. Mais à défaut de statistiques, il sera difficile de le vérifier. - "Aux citoyens d'agir" - La situation devient particulièrement catastrophique dans la moitié nord du pays en hiver, lorsque la pollution piégée par le froid recouvre les villes d'un épais brouillard toxique. Selon des statistiques de la Banque mondiale, à Peshawar dans le nord-ouest, les habitants respirent en moyenne 110 micromètres cube par an de particules fines -- de minuscules polluants qui s'incrustent au plus profond des voies respiratoires. Cela représente quasiment 11 fois la dose maximale recommandée, et cela entraîne au Pakistan quelque 60.000 décès par an de maladies associées comme l'asthme, des maladies respiratoires et certains cancers selon la Banque mondiale. Pourtant, le Pakistan est doté d'une Agence nationale de l'environnement, dont la chef Farzana Altaf Shah, indique que des données sont collectées par des stations mobiles -- mais "pas de façon régulière". "Puisque le gouvernement ne le fait pas, c'est aux citoyens d'agir et de publier les données pour lui montrer à quel point la situation est grave", souligne le militant Furhan Hussain. Ali Nadir, un homme d'affaires basé à Lahore lui aussi membre du réseau PakAirQuality, explique que les volontaires utilisent des boîtiers connectés mesurant la qualité de l'air et transmettant les données sur internet en temps réel via un téléphone portable. L'idée est venue d'un Pakistanais résidant en Chine, qui a fait découvrir à ses amis restés au pays ces outils peu coûteux. "Beaucoup de gens m'ont dit qu'ils suivaient mes tweets sur la pollution, et parfois, quand les niveaux sont trop hauts, ils modifient leurs projets de sorties et d'exercice", affirme M. Nadir à l'AFP. Pour Mme Shah, une amélioration reste à espérer avec le recours à un carburant de meilleure qualité, et la mise en place d'unités de contrôle de la pollution dans certaines usines. "C'est un processus lent, mais il est en cours," assure-t-elle. En attendant, des millions des citoyens ordinaires n'ont pas d'autre choix que de s'exposer à la pollution lors de leur travail ou de leurs trajets quotidiens.

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